Son texte aura suscité une vague de coups de cœur, d’abord derrière le miroir, ensuite chez les lecteurs de Magic Mirror éditions. Il faut dire que Tant que vole la poussière est un chef d’œuvre de maîtrise et de beauté littéraire. Je suis heureuse aujourd’hui de vous présenter (à nouveau) Cameron Valciano !
C’est l’éditrice, mais aussi la lectrice émerveillée qui vous parle : Cameron a de l’or au bout des doigts. Son imagination, son érudition, sa plume, son amour de la littérature, son sens de la réplique, son goût du détail et de l’image marquante, rendent ses textes à la fois poignants et addictifs, magnifiques et terriblement forts. Essentiels.
Et la personne qui se cache derrière l’autrice n’en est pas moins une femme extraordinaire !
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Bonjour Cameron !
Salut Sandy !
Merci d’avoir accepté de répondre à mes questions, je suis ravie à l’idée que les lecteurs puissent, quelque part, approcher l’autrice à qui l’on doit Tant que vole la poussière (et un book boyfriend qui supplante les autres, parce que qui n’est pas tombé amoureux de Hook à la lecture de TQVLP ? :p). Ton univers et tes mots m’évoquent le rêve dans tout ce qu’il a d’absolu, les peurs, la profondeur et les merveilles. Merci d’avoir un jour pris ton clavier pour y faire naître de si belles choses !
-Ah, je ne suis pas sûre que la romancière soit aussi intéressante que tu le dis, on verra bien !
Oui Hook continue à être une machine à fantasmes inépuisable on dirait ! Même un an après la sortie, je reçois toujours des messages pour me dire que mon anti-héros mélancolique produit son petit effet… Je trouve ça très drôle et très flatteur. Un jour, les lecteurs/trices lanceront peut-être une cagnotte pour que Mina réalise un portrait en mode fan service XD !
On ne va pas refaire notre histoire dans son intégralité mais tu sais que j’ai écrit TQVLP pour Magic Mirror et grâce à toi… Je suis donc d’autant plus ravie de répondre à tes questions aujourd’hui.
Je te propose un petit portrait chinois. La particularité ? Tu peux y répondre tel quel ou inverser certaines questions (« si j’étais un animal, je ne serais PAS …) 😉
-Allons-y !
Si tu étais un animal, tu serais… un fennec. Animal le plus mignon du monde, à égalité avec le quokka et la viscache ! Il a des allures de peluche avec ses grandes oreilles improbables mais, surtout, il est capable de survivre dans des conditions extrêmes. Ce sont d’excellents chasseurs, ainsi que des animaux incroyables sur le plan social : les couples restent unis toute la vie et les deux parents s’occupent de la famille.
Si tu étais un élément, tu serais… l’eau. Pour tous les aspects qu’elle peut prendre – sa forme la plus merveilleuse étant la neige – on y reviendra.
Si tu étais une saison, tu serais… l’automne. Pour les teintes mordorées du paysage qui contrastent avec le gris du ciel, les balades en forêt, Halloween, la profusion de films d’épouvante, les boissons chaudes et la Pumpkin pie à déguster… Cette période est propice au cocooning et aux lectures fantastico-horrifiques. Je suis aussi une enfant de cette saison : eh oui, je suis née le 23 octobre !
Si tu étais un moment de la journée, tu serais… l’heure bleue. En photographie, ce terme poétique désigne une heure particulière : c’est cet instant féerique qui se produit à la toute fin du crépuscule et aux prémices de l’aube, lorsque le ciel se pare d’un bleu sombre et intense.
Si tu étais un des cinq sens, tu serais… à l’origine, je voulais répondre la vue. Mais, en y réfléchissant, j’ai réalisé que j’avais une mémoire olfactive très forte. Je suis très sensible aux parfums, aux odeurs et à la réminiscence qui en découle. J’écris toujours avec une bougie ou de l’encens à proximité et le parfum varie selon la scène que je rédige – c’est inconscient, je ne le prémédite pas mais on m’en a fait la remarque plusieurs fois… A l’époque où j’écrivais TQVLP, j’optais pour des cires à la senteur d’aiguilles de pin puis de l’encens au monoï ! J’en ai usé une quantité industrielle. Du coup petit changement imprévu : l’odorat.
Si tu étais une pièce de la maison, tu serais… ma chambre. C’est mon cocon, mon havre de paix. Je la façonne à mon image et au gré de mes intérêts, elle change beaucoup au fil des années. Les bibliothèques et vidéothèques présentent dans cette pièce évoluent aussi en ce sens : je ne mets pas en avant les mêmes titres ou les mêmes coffrets selon les périodes, les derniers coups de cœur, les dernières découvertes…. Je suis une inconditionnelle du support physique, j’ai besoin d’être entourée de ce que j’aime pour me sentir moi-même à ma place. En ce moment, par exemple, j’ai Portraits d’Annie Leibovitz bien en vue, un peu avant c’était Soie d’Alessandro Baricco ; Doctor Who a cédé sa place à Kaamelott au premier plan des séries et la trilogie du Rideau Rouge de Baz Luhrmann à l’intégrale de Wes Anderson. C’est un aménagement infini qui varie selon les envies du moment. Ma chambre est à la fois mon lieu d’écriture, de lecture, d’intimité et de repos. De sécurité aussi. C’est le seul à m’appartenir totalement, le seul sur lequel j’exerce un contrôle total – hormis les chats qui prennent plaisir à envahir les lieux ! L’espace le plus personnel et rassérénant qui soit à mes yeux.
Si tu étais un livre, tu serais… Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. Coup de foudre viscéral à l’adolescence, indétrônable depuis.
Si tu étais un personnage de fiction, tu serais… Béatrice dans Beaucoup de bruit pour rien de William Shakespeare. Parce qu’elle est vive, impertinente, fantasque, terriblement moderne et incroyablement fière. Elle a un regard très lucide sur la condition féminine, ce qui ne l’empêche pas d’outrepasser clairement les limites de son genre. Elle prône le célibat jusqu’au jour où elle prend conscience de ses sentiments pour Benedick. Elle consent à l’épouser non pour se plier aux convenances et aux exigences mais parce qu’ils se répondent en tout point, tant sur l’esprit que sur le courage. Le couple qu’elle forme avec ce dernier est sans conteste mon préféré du Barde d’Avon.
Si tu étais un archétype, tu serais… la femme fatale. J’adore cette vision de la féminité, vorace et féroce, classe et trouble, souvent sans limite et sans principe, toujours obscure quant à ses intentions. Elle assume tout, joue sur tous les fronts, porte les toilettes les plus décomplexées. Il s’agit de l’un des premiers stéréotypes mettant en lumière une héroïne – ou anti-héroïne – émancipée du joug patriarcal. Elle s’amuse des désirs qu’elle provoque, ne les subit jamais et les retourne à son avantage. Si l’image est aujourd’hui datée, elle représentait un sacré pas en avant, bien que souvent décriée par le public et malmenée par les intrigues conservatrices…
Si tu étais un mot, tu serais… « Skybalon ». C’est un mot qui n’existe qu’en grec et qui s’oppose au symbolon. Le skybalon, c’est ce qui ne s’accorde pas avec le reste, ne rentre dans aucune case, comme un artiste en décalage avec le monde. Je l’ai découvert dans l’ouvrage Il nous faudrait des mots nouveaux de Laurent Nunez. L’auteur en donne l’exemple suivant : « Il faudrait parvenir à reconnaître partout les symbola et les skybala : dans les choses, dans les êtres, les animaux. Le chien est un symbolon qui jappe et qui vient quand on le siffle. Le chat est un skybalon qui miaule et qui fuit par les toits. »
Si tu étais une série télévisée, tu serais… Là, j’avoue, tu m’as piégée ! Pour le film, j’aurai sans nul doute répondu Moulin Rouge ! mais je n’ai jamais réfléchi aux séries qui ont un impact fort sur moi. Friends ? Black Sails ? Coffee Prince ? Doctor Who ? Kaamelott ? Penny Dreadful ?
Bon, je dirais – sans grande originalité – Buffy contre les vampires. J’ai grandi avec cette série et voue une adoration sans borne à Buffy, Faith et Willow ; j’apprécie également beaucoup Giles en tant que guide, mentor et figure paternelle bienveillante mais faillible ; Spike reste mon suceur de sang favori aux côtés de Lestat (Les chroniques des vampires) et Eli (Morse) ! L’héroïne éponyme est une figure majeure de la pop culture pour de bonnes raisons : c’est une protagoniste complexe qui grandit et évolue tout au long de la saga, ado à peine mature puis adulte en charge de son gang – et du monde, à une plus grande échelle. Elle découvre ses capacités, ses désirs, ses responsabilités et ses ambitions au fur et à mesure. Elle n’est jamais idéalisée, fait des erreurs, se montre parfois insupportable, cherche toujours à donner autant qu’elle le peut… C’est aussi une héroïne poignante qui cherche à faire face malgré son désarroi et les drames qui la frappent, malgré la dépression et le doute. C’est une figure qui peut parler à chacun, homme comme femme. Buffy se relève toujours, mais pas sans difficultés, ni heurts. Elle surmonte souvent les obstacles grâce à l’affection que lui porte ses proches. J’aime le fait que la série soit à la fois un excellent teenage show pour les jeunes avec un humour savamment dosé, un univers très riche et un aspect tragique revendiqué où la mort et l’angoisse sont abordées de façon frontale. L’épisode The Body (Orphelines en VF) m’a marquée à vie. Buffy est et restera intemporel pour moi comme pour beaucoup d’autres.
Si tu étais un conte, tu serais… Barbe-Bleue de Charles Perrault. C’est glauque, j’en ai parfaitement conscience ! Mais il est difficile d’effacer des années de fascination pour ce monstre à la barbe céruléenne. D’une certaine façon, c’est la première histoire horrifique que j’ai découverte. Qui plus est, l’héroïne échappe à la mort et reste assez active, malgré sa curiosité dévorante. C’est toujours cela de pris…
Si tu avais un super pouvoir, tu serais… Une voyageuse du temps. Je me vois bien flâner avec le Docteur à bord du TARDIS, suivre Renard (Le Visiteur du Futur) à travers les époques ou papoter avec Hiro Nakamura des dangers du continuum ! Tant qu’à faire, j’irais discuter avec Oscar Wilde dans le Paris du XIXème siècle ou assister à un concert de Bowie dans les 80’s, quel rêve !
Si tu étais une créature légendaire / imaginaire, tu serais… un kitsune. Un yōkai renard aux puissants pouvoirs, dont celui de la métamorphose et de la longévité. Sans conteste l’une des créatures les plus fascinantes du folklore japonais. Eh oui, on en revient toujours au goupil ou au chat, c’est selon !
Si tu étais un rêve, tu serais… Je rêve souvent d’immensités enneigées à perte de vue. Je flâne parmi les collines blanches, sous les flocons, je fixe les étendues immaculées, je contemple les flots sous l’épaisse couche de glace, je regarde le givre sur les carreaux et les arbres qui laissent pendre les carillons gelés à leurs branches. Parfois c’est un songe très agréable comme une promenade avec quelqu’un qui m’est cher ou un retrait rassérénant loin des autres. D’autres, il tourne en cauchemar : il m’arrive souvent de mourir noyée, prisonnière des flots, incapable de transpercer la glace – ce qui doit rappeler une scène de TQVLP à certains lecteurs ! J’ai dû rêver de l’eau sous toutes ses facettes, de la plus apaisante à la plus destructrice. En y réfléchissant, elle a toujours eu un rôle prépondérant dans mes songes comme dans mes écrits.
Si tu étais une mauvaise habitude, tu serais… la lassitude. Je me lasse très très vite. C’est pourquoi les sagas et les longues séries ont tendance à me laisser de marbre. Je n’ai plus la même patience que j’avais adolescente, lorsque les grandes fresques ne me rebutaient pas. Je cours tout le temps (ou contre le temps) et je n’arrive pas à m’ôter de l’esprit un certain sentiment d’urgence. J’ai envie de tout voir, de tout lire, de tout découvrir, en sachant pertinemment que c’est un défi voué à l’échec. Aujourd’hui, il vient toujours ce moment où mon intérêt se perd, où je ne ressens plus d’attrait pour les personnages, où j’ai le sentiment que l’histoire s’étire inutilement.
Problème ? C’est aussi le cas lorsque j’écris mes propres intrigues. Cela m’oblige à être très régulière et consciencieuse dans ma rédaction sinon je finis par me détourner du projet en cours… Comme tout le reste !
Si tu étais un style de musique, tu serais… le rock, sans hésiter ! Mes premières grandes révélations musicales découlent de toutes ses variations, de toute la richesse propre à ses différents genres. Le glam, la pop, le hard, le symphonique, l’alternatif, le progressif, l’opéra, le gothique, le psychédélique… Toutes ses « métamorphoses » le rendent accessible au plus grand nombre, il est parfois exigeant mais jamais élitiste ; ainsi, il est très rare de ne pas adhérer au moins à l’un de ses sous-genres. Le rock est un langage universel en constante évolution.
Si tu étais la lettre idéale, tu serais… une déclaration. D’amitié ou d’amour peu importe. Mais l’idée de conserver un fragment d’affection couché sur le papier reste merveilleuse ! J’ai conservé toutes les lettres touchantes qui m’ont été adressées, depuis mon enfance. Ça fait une sacrée liasse…
Merci beaucoup pour tes réponses ! <3
-Merci à toi et à ceux qui prendront le temps de les lire !
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