L’âme de l’enfer. Voilà un livre que j’attendais avec une immense impatience. Gloriana est une maison d’édition que j’affectionne tout particulièrement ( je vous en avais déjà parlé par là) et j’admire le sublime travail de l’illustratrice Alexandra V Bach depuis bien longtemps. Quand j’ai su que les deux allaient s’associer pour travailler autour d’un mythe qui me fascine, mon cœur de lectrice a failli lâcher. Depuis, je me suis langui de cet ouvrage qui promettait de belles choses.
Vous le sentez venir ? Oui. Comme souvent quand j’ai de grandes attentes, j’ai été déçue. Ma déconvenue se déploie de deux manières : le texte et ce qu’il y a autour.
Par « ce qu’il y a autour » j’entends quelques désagréments, dont je n’ai pas été la seule victime, qui ont entaché mon plaisir avant même la lecture. Il se trouve que j’ai précommandé l’ouvrage, d’une part pour être certaine de l’avoir, d’autre part car je sais combien les précommandes peuvent être utiles au fonctionnement financier des petites structures éditoriales. Quand j’ai reçu mon précieux livre, j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir que le prix imprimé sur la quatrième de couverture (18.50 €) était inférieur au prix réellement payé. L’écart de quelques euros n’est pas énorme, mais sur le principe je ne trouve pas cela normal de payer 21€ pour un livre sur lequel il est noté un autre prix. Soit. Quelques jours après la réception, j’ai reçu un mail de Gloriana qui m’expliquait gentiment qu’il y avait eu une erreur dans le potage et que j’avais reçu une version non corrigée et non finalisée du roman. En guise de dédommagement, on me proposait de choisir un livre numérique sur leur boutique. Comment vous dire ? Je ne lis pas de livre numérique sauf cas de force majeure et j’ai payé en avance pour un livre papier, j’aurais apprécié recevoir le livre que j’ai acheté tout simplement. Pas une version erronée et pas un livre à un prix différent de celui que j’ai payé. L’erreur est humaine, j’en ai bien conscience. Mais je me suis sentie flouée et j’ai été déçue par la manière qu’a eu cette maison d’édition, que j’aimais pourtant beaucoup, de gérer la situation. Cette mauvaise impression ne m’a pas aidé à être indulgente face à ce texte, je dois l’avouer, mais je dois aussi reconnaître que même sans cela, le roman en lui-même m’aurait déçue.
L’intrigue relate l’histoire d’amour entre Hadès et Perséphone, les divinités grecques que nous connaissons bien. Et si l’auteur, Westley Diguet, prend soin de nous préciser en début d’ouvrage qu’il a pris des libertés par rapport à la légende dont il s’inspire … Il en a trop pris à mon goût. Je suis bien placée pour savoir que le jeu de la réécriture est beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît. Jongler entre le matériau d’origine et l’inspiration pure n’est parfois pas évident et la frontière entre plagiat, hommage et massacre est très mince.
Outre les erreurs dans la théogonie (faire de Hadès le plus jeune frère par exemple, quand la légende veut que ce soit Zeus le cadet puisque c’est le dernier à être avalé par Chronos …) qui m’ont fait grincer des dents mais que je pardonne volontiers, ce qui m’a dérangé ce sont les péripéties inutiles. Je vous fais grâce des détails ennuyants, mais avant que les tourtereaux se rencontrent, Hadès va passer par 400 étapes toutes aussi inutiles et vides de sens les unes que les autres. Broder de nouvelles intrigues sur l’histoire originale, cela ne me dérange pas si ça apporte réellement quelque chose à l’histoire. Ici, au fil des pages une sale impression m’a collée aux doigts : le récit a été écrit pour être en lien avec les illustrations vraisemblablement dessinées au préalable sans rapport les unes avec les autres. Si jamais ce n’est pas le cas (on ne saura jamais), c’est la sensation que cela donne tant les scènes d’une pauvreté à mourir d’ennui s’enchaînent sans logique, sans réel fil conducteur et surtout sans aucune profondeur.
L’histoire d’amour qui promettait d’être touchante et déchirante est juste plate, expédiée et ennuyeuse à souhait. Les personnages ne sont pas attachants car ils sont survolés de très loin et l’histoire semble se déployer comme une corvée avec des tâches à valider : « L’histoire abracadabrante pour justifier l’illustration de la sirène ? Check », « La rencontre improbable avec la fée du dessin ? Check » …
Bref, j’aurais tellement aimé dire du bien de ce livre mais c’est une grosse déception qui ne me donne même pas matière à écrire une longue chronique pour justifier mon avis négatif 🙁
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