Un peu à la manière de La Passe Miroir à l’époque, La Princesse sans visage m’a fait les yeux doux sans que je n’ai besoin d’en lire le résumé. Le titre et la couverture ont été assez évocateurs et assez mystérieux pour me donner envie d’y plonger.

La Princesse sans visage de Ariel Holzl, publié chez Slalom, c’est le premier tome d’une duologie qui raconte les aventures d’Ivalie, une “Belle à mourir” (entendez par là qu’elle est sujette à une malédiction et tous ceux qui voient son visage se meurent). Elle a grandi seule dans un manoir isolé, délaissée par son père puis par ses servantes. Elle survit comme elle peut jusqu’au jour où un étrange petit bonhomme vient lui annoncer que les trois reines alentours sont sur le point de choisir une quatrième comparse pour régner sur le royaume où elle se terre et qu’elle est dans son bon droit de réclamer le trône puisqu’elle est la fille cachée du précédent roi. Ivalie le suit, et s’engage donc dans une série d’épreuves féeriques organisées par les reines pour conquérir la couronne qui lui revient.

Booon. On va commencer avec ce que j’ai le plus aimé dans ce roman : l’univers est enchanteur au possible. La plume de l’auteur lui rend grâce, on s’imagine très bien ces contrées peuplées de fées et autres créatures magiques, ces palais grandioses et ces forêts terrifiantes. J’ai été conquise par l’intertextualité avec l’oeuvre de Shakespear et surtout Midsummer night’s dream qui a une place dorée dans mon petit coeur. Si vous n’êtes pas familiers de l’univers shakespearien vous ne serez pas déboussolé pour autant, mais si vous l’appréciez, vous serez certainement comblé par les références foisonnantes. J’ai adoré la cruauté inhérente à l’univers et le contraste que cela crée, entre féerie et cauchemar, or et sang. Les personnages des reines sont de loin mes préférées (avec Séline, son ogre de compagnie et sa folie) et j’aurais aimé passer plus de temps auprès d’elles. Je trouve que le prologue présente la quintessence de ce qui est remarquable dans ce roman : ces trois reines cruelles à la répartie ciselée qui boivent un thé et discutent politique alors que le monde s’effondre autour d’elles. J’ai tout de suite été happée.

Malheureusement, la suite n’est pas parvenue à égaliser cette première impression enchantée. Alors c’est parti pour ce qui m’a moins convaincue dans ce roman, en gardant sur un coin du bureau que je respecte profondément le travail de l’auteur, je n’étais probablement pas la lectrice idéale pour ce roman.

(attention, spoileeeers à partir d’ici)

Déjà, dès les premières pages, on me jette à la face des noms et des mots que je ne connais pas, comme si j’étais sensée les connaître, sans plus d’explication. Bogling, boggart, sluagh … Alors, il y a bien un glossaire (humoristique mais qui décrit quand même les bestiaux) à la fin. Mais, et c’est tout personnel, c’est vraiment une pratique que j’exècre. Pour moi, le texte doit contenir assez d’éléments pour que l’on sache de quoi on parle quand un nouveau nom très spécifique à cet univers fait irruption, je déteste devoir faire mes devoirs et lire un glossaire pour me figurer la nature d’un personnage. C’est accessoire mais ça m’a mise dans une disposition pas très favorable dès le début.

Pour le reste, l’intrigue se trouve être assez classique : l’héroïne répond au stéréotype de l’orpheline qui ne sait pas grand chose mais s’en sort toujours bien (coucou Harry, on parle de toi), qui doit affronter des épreuves pour gagner sa place, et qui, dans sa naïveté, a le regard de côté qui lui permet d’avoir une position différente de tous les autres personnages.

Le récit souffre de platitude et d’un manque de tension. Dès le début, Ivalie n’a pas profondément envie de sortir de son manoir et la menace n’est pas assez prégnante pour justifier qu’elle s’embarque dans cette histoire. Puck la traine hors de son foyer et la jette dans le sacre en lui disant qu’elle va se faire tuer sinon et elle dit “ok pas le choix” sans avoir spécialement peur mais sans en avoir envie, du moins ses motivations ne sont pas éclatantes. Bref, il y a un manque de désir et de tension pour que je me sente pleinement investie à ses côtés. Quitte à user de stéréotypes et des clichés, j’aurais préféré suivre les étapes du Voyage du héros (coucou Campbell) à la lettre et assister au héros qui refuse l’appel de l’aventure mais qui se retrouve plongé dedans par la force inéluctable de l’auteur de ce qui doit lui arriver. Cela aurait été plus poignant.

Mais le problème majeur réside pour moi dans les révélations finales. Elles sont un coup dans l’eau pour moi : Helionie n’est pas morte et elle est de retour ? C’est intrigant mais Ivalie ne semble pas plus étonnée que ça, ne pose pas de questions sur les motivations de Helionie ou le pourquoi du comment et on ne saura pas dans ce qu’il en est dans ce tome 1. C’est frustrant, on croirait que les implications comptent moins que l’effet waouw de ce retour.

Le roi gris se trouve être Oberon ? Ca c’est juste délirant (et pas dans le bon sens du terme), ça ne fonctionne pas pour moi. Je ne me suis pas dit “aaaaaaaaaaah je l’ai pas vu venir mais j’aurais pu en étant attentive aux indices”, j’ai juste eu l’impression que l’auteur a essayé de trouver le truc le plus inattendu, mais ça ne prend pas.

Mariandre qui aidait Ivy en secret ? Idem. On ne comprend même pas pourquoi en plus. Quel est son rapport à la cours des ombres ? Et pourquoi ils veulent Ivy sur le trône ? Si Mariandre est ralliée à leur cause et bien meilleure que Ivy, pourquoi ne pas tabler sur elle ? Cela n’a pas de sens pour moi.

Et globalement Ivalie se laisse un peu trop porter sans se poser de questions. Genre d’où sort sa nourrice disparue ? Elle ne se demande pas pourquoi elle n’est pas revenue plus tôt ?

J’ai apprécié son début de relation avec Odd mais alors c’est expédié si vite …

Beaucoup de questions sans réponses, une intrigue un peu trop plate et un dénouement qui tombe à côté de sa cible pour moi, mais une plume maitrisée, un univers enchanteur et des personnages secondaires plutôt attrayants.

Malheureusement cela n’aura pas suffit à me donner envie de découvrir le second tome pour le moment.

Je suis triste d’être passée à côté, j’avais tellement envie d’aimer ce roman ! Ce n’est que partie remise, j’espère tomber sous le charme d’Ariel Holzl en découvrant ses autres romans.

Categories: Lecture

Sandy

Les livres et les bonnes histoires m’ont toujours accompagnée. Dans mes loisirs, comme dans mes études. Après un baccalauréat littéraire, j’ai suivi ma passion jusqu’en licence de Lettres Modernes puis jusqu’en Master à l’intitulé nébuleux (Imaginaires et Genèses littéraires) après lequel j’ai pris une année de pause en pensant me consacrer à mes petits projets trop longtemps remis au lendemain avant de poursuivre mon cursus en thèse. Cette année fut d’une richesse incroyable, j’y ai appris énormément de choses et surtout j’ai entrepris ! J’ai lancé ma chaîne youtube, le présent blog, j’ai fondé Magic Mirror éditions, j’ai écrit mon premier roman et entamé le deuxième … Tant et si bien que la thèse attendra encore un peu

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