« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Cette sempiternelle fin formatée des contes de fées peut prêter à sourire tant elle est mièvre et a l’air de réduire le bonheur à la vie conjugale, pourtant, quelque part, elle m’a toujours fait rêver.
L’idée de cet article me trotte dans la tête depuis très longtemps, mais le déclic a eu lieu il y a quelques semaines, alors que je flânais sur le blog d’une future consœur Wedding Planner. Dans un billet, elle expliquait qu’elle appréciait peu les mariages dits « traditionnels », que désormais les mariés avaient des envies plus modernes, à bas la robe blanche et l’échange de vœux larmoyant et vive les unions folles & funs, les tenues jaunes et les alliances échangées sous une cascade au milieu d’un treck-lune-de-miel en Amazonie.

Alors, attention, je ne blâme pas ces couples qui ont envie de casser les codes, je trouve ça rafraîchissant et je milite pour que chaque personne ait le mariage dont elle rêve, quel que soit son rêve. Là où le billet m’a touchée, c’est que j’ai réalisé que mon rêve à moi correspondait au mariage classique gentiment moqué. Je voulais une robe blanche de princesse, remonter l’allée au bras de mon père et que mon futur mari ne me découvre qu’à ce moment-là (j’ai même dormi chez mes parents la veille !), des fleurs partout et des discours à la guimauve.
Cette petite prise de conscience m’a ramenée à une réflexion plus générale qui me taraude depuis longtemps. On blâme les contes de fées et Disney pour cette vision unique du bonheur qu’ils semblent véhiculer : une jeune fille belle et un peu fragile qui épouse un prince (qui l’a sauvée peu de temps avant, c’est mieux) avec qui elle aura des enfants et cette vie la comblera.
Je lis de plus en plus de publications, de témoignages qui démontent ce mythe éculé. Des femmes qui sont heureuses sans enfants, d’autres qui veulent rester célibataires parce qu’elles ont bâti leur bonheur hors de toute relation, d’autres encore qui voyagent toutes seules et dont on peut suivre les aventures en ligne.
Je les admire, parce qu’elles arrivent à saisir leur chance d’être heureuse, et en même temps à chaque fois, je me sens un peu diminuée. De la même manière, quand mes copines me racontent leurs rencontres multiples, leurs histoires aussi éphémères que palpitantes, j’ai toujours l’impression qu’elles me regardent avec une certaine pitié. Qu’elles ne me croient pas vraiment quand je leur explique combien j’aime mon quotidien fait de petites habitudes qui sont si douces.
J’ai mis longtemps à comprendre ce sentiment qui m’assaille souvent. À bien y réfléchir, ce malaise me perturbe parce que, au fond, mon bonheur à moi, c’est un peu le bonheur promulgué par les contes de fées que je lisais enfant. Et j’ai toujours l’impression qu’il est moins légitime, que les gens vont penser que je me contente de ça parce que j’ai peur de l’aventure ou pire que mon bonheur n’est qu’une illusion car j’ai été formatée depuis enfant pour avoir envie de ça. Que ce type de bonheur a moins de valeur parce qu’il rentre dans une case, parce que c’est ce que la société attend de nous, parce que c’est un schéma qui se répète depuis des générations.

Alors, honnêtement, j’ai beau me pencher dessus, je ne sais pas si ce sont les histoires de princesses qui ont ancré cette image de la vie rêvée en moi. Il n’empêche que je suis heureuse, profondément. Depuis gamine je rêve de rencontrer l’amour de ma vie, de l’épouser au milieu d’une effusion de tulle, de construire une famille et de vivre pleinement ces grandes étapes. Et chaque matin, je me réveille en me disant que j’ai une chance folle d’avoir croisé la route de mon mari il y a 9 ans et que les étoiles se soient alignées pour que l’on vive cette histoire d’amour qui nous apporte tellement.
Les prises de parole militantes, féministes et engagées sont essentielles dans notre société actuelle. Mais il ne faudrait pas en dévaloriser pour autant celles pour qui le bonheur se situe dans une certaine « norme » (bouh que je n’aime pas ce mot). Je sais pertinemment qu’en tant que femme je n’ai pas besoin des hommes pour vivre, mais j’ai besoin de mon homme pour être pleinement heureuse. Je sais qu’une femme peut s’épanouir pleinement dans sa carrière professionnelle sans jamais avoir d’enfant, je sacrifie beaucoup pour mon travail pourtant je sais que si demain je devais choisir entre lui et ma famille mon choix serait vite fait. Je conçois le plaisir de se réveiller sur un hamac au-dessus de l’eau à l’autre bout du monde près d’un bel inconnu, pourtant à mes yeux rien ne sera jamais plus doux qu’un réveil dans mon lit, avec le parfum réconfortant de mon mari et les câlins de mes chats.
Mon bonheur est certes très banal, il ne casse pas les codes, mais il n’en a pas moins de valeur, parce que je l’ai choisi. Je suis profondément convaincue que ce n’est pas un choix de facilité, de convenance ou par défaut. Je sais que si j’avais rêvé d’une vie d’aventurière célibataire, j’aurais foncé. Peut-être que ma vision du bonheur a été influencée par les Disney avalés enfant, il n’empêche que je me couche tous les soirs avec le sourire aux lèvres. Et je crois bien que c’est l’essentiel.
Il n’y a pas de hiérarchie du bonheur. De bonheur mieux qu’un autre ou plus légitime. Cet article est certainement un peu fouillis mais je crois que ce que j’essaie de dire à moi-même et peut-être à vous qui me lisez c’est : qu’importe ce qui te rend heureuse, que ce soit banal ou extraordinaire, saisis-le, savoure-le et revendique le, sans te soucier du regard des autres.

1 Comment
Chut · le 3 juillet 2020 at 10:21
Bonjour,
Chacun a des attentes de la vie et par chance nous n’avons pas tous la même vision du bonheur ( sinon se serait bien morne).
L’essentiel est de se sentir épanoui dans la vie que nous avons choisi. Enfants, sans enfants, marier, célibataire, libertin, fidèle, solitaire voyageur, rêveur des fonds marins, quel importance, du moment que notre coeur s’emballe et que l’envie de vivre mille ans dans notre vie s’installe dans notre esprit?
Je pense qu’à un moment, il faut fermer les yeux et boucher nos oreilles, pour éloigner ceux qui semblent tout connaître de nos joies et de nos peines. Qui mieux que nous savons ce qui nous fait du bien?
Merci de partager ta vision. ^^
Bonne journée.