« Il y a plus de mille ans vivait en Bretagne un Enchanteur qui se nommait Merlin. Il était jeune et beau, il avait l’œil vif, malicieux, un sourire un peu moqueur, des mains fines, la grâce d’un danseur, la nonchalance d’un chat, la vivacité d’une hirondelle. Le temps passait sur lui sans le toucher. Il avait la jeunesse éternelle des forêts. ». Ainsi débute le roman merveilleux de René Barjavel. Avec son Enchanteur, il revisite et s’approprie ce que l’on appelle la matière de Bretagne. L’écrivain se fait conteur et se promène au gré des légendes arthuriennes afin de réactualiser ces mythes séculaires en leur restant étonnement fidèle[1]. Il choisit Merlin, l’enchanteur fils de démon, comme point d’ancrage, comme pivot de son récit. Ce personnage, aussi fascinant qu’insaisissable, insuffle au texte une ambiance féerique, entre rêve et chevalerie, entre divinité et émotions humaines. (suite…)