Si vous suivez mes aventures littéraires depuis un moment, vous n’êtes pas sans connaître Emmanuel Ardichvili que j’avais rencontré à la faveur d’un entretien au festival Nice Fictions. Ce moment partagé avait marqué mon imaginaire de lectrice et je n’ai cessé de suivre les activités de cet auteur dont la prose s’alimente de science et de nature.

Je vous retrouve donc aujourd’hui pour vous parler de son dernier ouvrage paru aux éditions du Lamantin : Seconde Nature.

L’histoire de ce roman nous plonge dans un futur proche où la vie n’a que peu changé en dépit des évolutions technologiques : s’ils sont protégés sans cesse par des drones domestiques, les collégiens vont toujours à l’école. C’est sur le chemin vers les cours que nous rencontrons pour la première fois le héros, Léo. En dépit des avertissements de son drone, notre personnage principal va, dans l’espoir d’impressionner la fille qu’il convoite, poser ses doigts sur un étrange champignon croisé en chemin. Va s’ensuivre une série d’évènements qui mèneront à une potentielle catastrophe planétaire. Qu’était donc ce champignon ? Qu’est-ce que les transl, ces prétendus extraterrestres auxquels ne croient que les marginaux, ont à voir dans cette affaire ? Comment la téléportation, cette avancée technologique dont nous rêvons tous, peut s’avérer dangereuse pour l’humanité ? La nature peut-elle avoir la volonté d’asphyxier pour de bon les hommes ?

Ces questions vous semblent disparates ? Et bien tout le talent de l’auteur réside en ce point. Avec une histoire toute simple il parvient à aborder énormément de thématiques, à soulever une multitude d’interrogations et à créer un vrai lien intelligent, de la cohérence, entre les éléments de son univers. C’est un roman qui nous parle du rapport entre la nature et l’humanité et du lien de cause à effet entre le développement de nos technologies et la bonne santé de notre planète, mais qui va aussi soulever la question des croyances, des rumeurs et des convictions aveugles.

Cette lecture m’a renvoyée à mes premiers amours littéraires d’adolescence : des récits SF dont je raffolais tels que Projet Oxatan, L’œil des Dieux ou Les Abymes d’Autremer. Avec Seconde Nature nous sommes face à de la SF soft, qui tire plus sur du récit d’anticipation à réflexion profonde, pour une introduction en douceur à ce genre et cet univers.

Le monde dans lequel vivent les personnages est effrayant de logique : je vous laisse le plaisir de découvrir les petites différences avec celui que nous connaissons, mais c’est un tournant tout à fait vraisemblable que pourrait prendre notre évolution. Rien de grandiose, rien d’incroyable, pas d’immenses changements, juste une vision probable de ce que pourrait être la vie des humains dans quelques années. Si la curiosité de la découverte l’emporte à la lecture, l’ambiance est subtilement dérangeante avec cette obsession de la population pour les drones de protection : une menace invisible, jamais nommée, plane en filigrane et finit par nous oppresser imperceptiblement.

C’est au sein de cet univers que va se dérouler l’aventure de Léo et de ses amis : des personnages simples et attachants, qui fonctionnent parfaitement et n’ont pas besoin d’être des protagonistes super badass pour être des héros. L’intelligence, la compassion et l’ouverture d’esprit sont de mise dans cette histoire, comme souvent chez cet auteur. Le danger va se refermer autour de Léo, implacable, sans lui laisser aucune chance, ce qui a pour effet de nous pousser à tourner chaque page sans jamais avoir envie de refermer le livre. Ajoutez à cela quelques intertextualités bien placées faisant référence à des monuments tels que Doctor Who ou Le Seigneur des Anneaux, et vous obtenez un très très bon roman !

 

Je remercie chaleureusement Emmanuel Ardichvili et sa maison d’édition d’avoir pensé à moi pour découvrir et chroniquer ce livre 🙂

 

Retrouvez la vidéo de ma rencontre avec l’auteur ici

Retrouvez ma chronique sur La Tour du même auteur ici

Categories: Lecture

Sandy

Les livres et les bonnes histoires m’ont toujours accompagnée. Dans mes loisirs, comme dans mes études. Après un baccalauréat littéraire, j’ai suivi ma passion jusqu’en licence de Lettres Modernes puis jusqu’en Master à l’intitulé nébuleux (Imaginaires et Genèses littéraires) après lequel j’ai pris une année de pause en pensant me consacrer à mes petits projets trop longtemps remis au lendemain avant de poursuivre mon cursus en thèse. Cette année fut d’une richesse incroyable, j’y ai appris énormément de choses et surtout j’ai entrepris ! J’ai lancé ma chaîne youtube, le présent blog, j’ai fondé Magic Mirror éditions, j’ai écrit mon premier roman et entamé le deuxième … Tant et si bien que la thèse attendra encore un peu

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