Nous avons tous nos auteurs spéciaux, ceux-là qu’on a aimé dès la première ligne et qui nous donnent le sentiment de retrouver un vieil ami quand on découvre leur dernière parution, qui nous font vibrer à un point tel que leurs écrits fictionnels s’érigent en ligne de conduite pour notre vie réelle. S’il est bien un écrivain qui a un tel effet sur moi, c’est bien Bernard Werber.

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C’est un ami cher à mon cœur qui m’a poussé à commander les Thanatonautes, à un moment où j’étais terriblement mal dans ma vie, j’avais 14 ans. En moins de un mois j’avais dévoré toutes les œuvres publiées par Werber à ce moment-là. Tous ces livres m’ont aidé à trouver ma place, à me situer face à la société, à la spiritualité, à définir une ligne de conduite et de pensées à suivre autant que faire se peut, mais surtout … j’ai voyagé, j’ai appris un nombre incalculable de choses et j’ai développé une curiosité à toutes épreuves. C’est ça le pouvoir de Werber : réveiller les curiosités. Je considère cet auteur comme mon père spirituel, celui qui a éduqué mon esprit, qui m’a permis d’avoir des idées propres, non liées à mon éducation et au contexte familial dans lequel j’ai été élevée. Il fut mon émancipateur de pensées.

Ainsi, quand j’ai dû me lancer dans l’écriture de mon mémoire, le choix de l’auteur s’est rapidement imposé. D’autant plus que Werber a tendance à être mal perçu dans le milieu littéraire, on accuse généralement ses romans scientifiques d’une écriture pauvre. J’avais envie de voir si l’on pouvait réaliser une vraie analyse littéraire de ces textes que j’aimais tant.

Mon étude a donc porté, vous l’aurez compris, sur la trilogie des Dieux, qui fait suite au cycle des Anges (Les Thanatonautes et L’Empire des anges) mais qui peut être lue toute seule.

BW3Les Thanatonautes ouvrent donc la série et présentent les héros qui seront présents jusqu’au cinquième tome : Michael Pinson, personnage principal et voix du narrateur, et Raoul Razorback son acolyte. Ces scientifiques aventureux vont tenter de conquérir le dernier territoire inconnu des hommes : la mort. Ils se nomment eux-mêmes les Thanatonautes, du grec Thanatos (divinité attachée à la mort) et nautès (navigateur). L’enjeu étant de trouver une réponse scientifique et laïque, quoique spirituelle, à l’au-delà. A la fin de ce premier roman, les protagonistes meurent et s’élèvent jusqu’à L’Empire des Anges où, devenus anges gardiens, ils doivent aider les humains à élever leur niveau de conscience. Dans cet opus, ils feront la connaissance d’Edmond Wells un entomologiste spécialiste des fourmis, retrouveront le rabbin aveugle Freddy Meyer, et s’attacheront à la non moins réputée Marilyn Monroe. Cette troupe haute en couleur suit un mouvement ascensionnel et découvre le monde divin dès Nous les dieux, tome qui ouvre la trilogie finale. L’univers divin présenté est en tous points différents de ce que nos religions modernes en disent : cloîtrés sur une île peuplée de chimères, une promotion de 144 élèves dieux apprend à créer un monde, gérer des tribus d’êtres humains, bâtir des civilisations etc. Les cours sont dispensés par les dieux et demi-dieux du panthéon grec. L’intrigue est régie par une dimension ludique : on nomme les expérimentations sur la planète Terre 18 « le jeu d’Y » et les plus mauvaises recrues sont éliminées à chaque cours. Sans compter sur un mystérieux déicide qui assassine sans vergogne ses camarades. Nos héros, sans cesse en quête de savoir, cherchent à repousser encore les frontières de la Terra Incognita et s’aventurent toujours plus loin, toujours plus haut. Ils veulent découvrir qui a créé les dieux qui les gouvernent et dans quel but. Autrement dit, ils cherchent un sens à la vie et à l’humanité et pour cela ils parcourent l’île. Cette inquisition prend la forme d’une quête initiatique dont la récompense serait le savoir ultime.

Voilà comment pourraient être brièvement résumés les trois romans qui m’ont occupée pendant deux années, et que j’ai profondément aimés. Les personnages sont attachants, le contexte gréco-divin est superbement campé par des dieux et des chimères tour à tour hilarants, effrayants ou pédagogues. Werber a le génie de glisser au cœur d’une histoire palpitante des références aux grands mythes fondateurs, des allusions aux découvertes scientifiques pointues, farfelues ou peu connues, et des bribes de philosophie tout en rendant ce condensé de connaissances tout à fait digeste. Cette formidable ouverture des horizons est ce qui fait, à mes yeux, le côté addictif de ces livres. On ne s’en lasse pas et l’impression d’apprendre de nouvelles choses en se divertissant est pour le moins satisfaisante. La fiction sert un parcours spirituel qui est très enrichissant.

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Pour ce qui est du style, souvent décrié, il est certes simple, mais c’est un choix délibéré de l’auteur. Il explique volontiers que ses phrases simples et ce style épuré sont choisis, ont une réelle vocation, une utilité textuelle. Ses manuscrits sont beaucoup plus longs que les versions éditées. Les phrases sont alors plus développées, plus longues, plus travaillées, peut-être moins claires alors. Or ce que Werber cherche, c’est bien la clarté pour véhiculer intelligiblement les messages que portent ses écrits. Alors il simplifie au maximum ses épreuves pour que les mots soient exempts de fioritures mais porteurs de sens, et permettent une ouverture des horizons et des possibles, non pas dans le contentement purement esthétique, mais plutôt dans l’exaltation de l’imaginaire et des connaissances.

Il est difficile pour moi de parler de ces livres en quelques phrases, en un article. Je m’arrête donc ici sous peine de vous infliger un article-mini-mémoire trop long, mais sachez que cette trilogie fait indéniablement partie des livres à avoir lu dans une vie.

 

EDIT : Pour découvrir en vidéo comment l’oeuvre de Werber a changé ma façon d’appréhender le monde 🙂

Categories: Lecture

Sandy

Les livres et les bonnes histoires m’ont toujours accompagnée. Dans mes loisirs, comme dans mes études. Après un baccalauréat littéraire, j’ai suivi ma passion jusqu’en licence de Lettres Modernes puis jusqu’en Master à l’intitulé nébuleux (Imaginaires et Genèses littéraires) après lequel j’ai pris une année de pause en pensant me consacrer à mes petits projets trop longtemps remis au lendemain avant de poursuivre mon cursus en thèse. Cette année fut d’une richesse incroyable, j’y ai appris énormément de choses et surtout j’ai entrepris ! J’ai lancé ma chaîne youtube, le présent blog, j’ai fondé Magic Mirror éditions, j’ai écrit mon premier roman et entamé le deuxième … Tant et si bien que la thèse attendra encore un peu

4 Commentaires

Kim · le 5 janvier 2016 at 18:52 pm

Je n’ai encore jamais lu de livre de Bernard Werber, mais j’en ai entendu énormément, et je pèse le mot, de bien !

Super article sinon 🙂

Kim

    AudryEsprint · le 10 janvier 2016 at 22:13 pm

    Merci beaucoup 😀

rock-or-not · le 5 janvier 2016 at 21:27 pm

Je trouve que ca manque d’anecdote de stalker du Werber et de complot international x)

    AudryEsprint · le 10 janvier 2016 at 22:12 pm

    Mouahah XD il y a peut être un message codé dans l’article 😉

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